Le tissu urbain de la ville de Barcelone révèle une histoire urbaine riche, dont l’organisation en îlots carrés de 113 mètres de côté dessinée par Cerdà au XIXe siècle en est la dernière démonstration. Nous questionnons ici la mutabilité d’un tel tissu par l’invention d’un projet d’îlot mixte, assimilable à un macro-lot, tirant ses qualités d’une architecture locale et traditionnelle.
L’organisation urbaine de Cerdà prévoit des îlots carrés dont les sommets sont arasés ; ces « triangles manquants » formeront la matrice de notre projet, qui se déploie en deux nappes superposées. Au rez-de-chaussée, l’îlot reste éminemment urbain : sous de légères voûtes de briques rappelant l’architecture traditionnelle espagnole se déploie un marché couvert et ouvert sur les rues du quartier. Des patios viennent distribuer la lumière jusqu’au cœur de l’îlot, traversé de part en part par un généreux mail planté et piétonnier. Sur la dalle du niveau supérieur se déploie une nappe d’habitat maillée d’un réseau de venelles semi-privatives et de jardins, entre ombre et lumière. Ces maisons de ville concilient habilement densité et non-mitoyenneté (les maisons sont seulement reliées les unes aux autres par les pointes des triangles).
Le projet Villacerdà propose ainsi une imbrication de programmes qui ménage à la fois le temps de la ville et celui des habitants. Il permet d’inventer de nouveaux modes d’habiter entre les complexités de la vie urbaine contemporaine et la simplicité séculaire des formes et des matériaux.